2.1.2 L'entreprise d'un projet cinématographique.


     Il entame subséquemment un processus de reconfiguration de l’ouvrage de Flaubert pour travailler un contraste entre la modernité d'une femme et la société ancienne qu'elle dépasse. Les dialogues seront retravaillés par les soins de Chabrol lui-même.C’est alors qu’il entreprend les scènes se déroulant au domicile des Bovary. Il utilisera le château de Breteuil en Choisel comme lieu ; ce vieux château regorge d'histoires et c’est-ce qui plaisait à Claude Chabrol. Le choix du décor était très important à ses yeux mais ce n'était pas le seul paramètre. En effet, Chabrol prendra un soin particulier quant au choix des acteurs ; Isabelle Huppert, actrice très en vue de l’époque sera adroitement choisie pour le rôle principal d’Emma Bovary, femme rêveuse et insatisfaite de la vie qu'elle mène. Les descriptions du roman sont d'une telle acuité visuelle que Chabrol n'a pas de mal pour les mettre en mouvement dans son film. L’œuvre plus contemporaine qui en découlera se verra être très appréciée du public français et des lecteurs du récit. Évidemment, les réactions dès la sortie du film ne seront pas les mêmes que lors de la publication du roman. Elles seront mélioratives et aucun reproche n’est fait au réalisateur contrairement à l'auteur. Cependant, la déception de certains existe belle et bien comme l’affirme le critique Jean Cléder dans ses propos : « […] Que reste-t-il de Madame Bovary dès lors que le film à privé le roman de son intrigue, de son style, voire de ses personnages ? Il ne reste rien ou… la littérature, mais dévêtue de sa panoplie référentielle, narrative et rhétorique : la littérature comme puissance et comme activité ». Les réactions sont diverses, au Télérama (1991) par exemple, l’effet a été extrêmement positif « Tout est beau dans Madame Bovary : les décors, les costumes ... Isabelle Huppert est, une fois encore, une fois de plus, merveilleuse. Elle se pâme dans le romanesque sans effleurer jamais le ridicule. Elle joue de toutes les nuances de sa voix, passant, en l’espace d’un instant, de la douceur à une dureté incroyable. ». Les réactions sont donc multiples et contradictoires mais à aucun moment ce film n'est réellement mal vu. Madame Bovary, neuf ans après, fais reparler de lui ; la chaîne de télévision, Arte, chaîne culturelle, le diffuse encore. 

     Nous pouvons donc comprendre le travail qu’a entreprit Claude Chabrol lors de son adaptation du roman de Flaubert en ouvrage cinématographique, ainsi que constater sa vision presque similaire de celle du célèbre écrivain. Ses intentions étaient donc de révéler au public une œuvre plus moderne, une œuvre retraçant symétriquement le chemin que suit Emma Bovary dans ses péripéties. Nous pouvons dire que ce fut une réussite puisque le public est attiré par cette reprise qu'a produit Chabrol.