2 Le personnage après le XIXème siècle.


2.1 Le film Madame Bovary de Claude Chabrol.

        2.1.1 L'attachement du réalisateur au roman et ses intentions d'en faire un film.


Affiche du film Madame Bovary par Claude Chabrol (1991).

     Claude Chabrol est un réalisateur, producteur, acteur, scénariste et dialoguiste français. Il est l’un des instigateurs de la Nouvelle Vague qui est un mouvement de cinéma français apparu à la fin des années 1950. La Nouvelle Vague se définit par des techniques cinématographiques révolutionnaires pour l'époque et également par des cinéastes de grandes renommés. Son cinéma, plein d'atmosphères lourdes et oppressantes, rajoute de la modernité à ses œuvres. Certains pensent que si son cinéma est fait d'atmosphères pesante, c'est à cause du traumatisme que lui a causé sa naissance : alors que sa mère était enceinte de trois mois, les médecins lui conseillèrent d'avorter. En 1991, le réalisateur décide de commencer le tournage de son film Madame Bovary, inspiré par le roman du même nom écrit par Gustave Flaubert en 1857 : roman qui fit débat dans la société du XIXème siècle. L'adaptation de Chabrol suit très parallèlement l’œuvre originale.

     Suite à la découverte de Madame Bovary de Flaubert, Chabrol est très touché par cette histoire qui l'a ému et décide alors de la raconter de son point de vue. Il réalisa donc cet ancien rêve qui demeurait en lui depuis sa lecture, lors du tournage qui commença le 3 Septembre 1990. Il s'engagera dans cette œuvre au point que cette histoire l’obsédera. Il passera de longs mois à analyser, lire et relire l'histoire écrite par Flaubert. Il ira même jusqu'à acclamer : « Madame Bovary ? C'est moi ». A travers cette entreprise d'un nouveau projet, Chabrol cherche à retranscrire cette tragédie et de la représenter de manière précise et complète selon son interprétation, tout en gardant l'authenticité que transmet l’œuvre littéraire. Malgré que Chabrol veuille réaliser cette production selon son propre ressenti, il lance également un défi aux lecteurs et spectateurs du roman qui pourraient penser connaître tous les détails de ce célèbre ouvrage. Il veut, en effet, leur faire découvrir des faces inexplorées d'Emma Bovary en utilisant la largeur des plans, la bande son ... Par exemple, nous pouvons remarquer que lorsque Emma Bovary parle de liberté, d'espoir ou lorsque qu'elle est perdue dans ses pensées, les plans se resserrent sur elle et la profondeur de champ se rétrécie. Le support étant différent, il espère toucher une partie de spectateurs qui ne se seraient pas intéressés d'eux-mêmes à l'ouvrage écrit.


     Le réalisateur ressent de fortes rancœurs envers la bourgeoisie provinciale, une bourgeoisie emplie d'entrepreneurs et de banquiers, en conséquence de quoi il décidera de l’attaquer à travers ce film, mais sans s'engager directement ; il restera discret et utilisera les dénonciations de Flaubert pour se satisfaire. Son projet affirme que Chabrol fait de ce livre une étude des mœurs provinciales et reconstruit un bovarysme ironique et plus réaliste que jamais. Flaubert, par ses descriptions des décors et de ce qui constituent les lieux ou les personnes propose un scénario évident pour Chabrol, comme un anticipation d'un futur travail cinématographique. En effet, Chabrol construit son œuvre symétriquement à celle de Flaubert, bien qu'il y ajoute une once de modernité. Dans ce film, Emma Bovary est toujours cette femme du XIXème siècle fuyant la médiocrité et la monotonie quotidienne de la vie au foyer, d'une vie sans travail. Ainsi, il fait mourir Emma Bovary de la même manière que dans le roman par un suicide, montrant une femme désillusionnée, qui n'a su atteindre une place sociale, qu'elle n'aura jamais.


    
     Photo tirée du film de Chabrol  : Charles et d’Emma Bovary, scène célèbre qui se déroule au bal des Vaubyessard qui marquera un tournant déterminant dans la relation du couple.