1.2 Un personnage qui suscite des réactions.
1.2.1
L'inspiration
de l'auteur pour un sujet laborieux.
Certes cette femme se détache de son rôle conventionnel qui à cette époque était très limité en liberté et en tout autre chose, elle ne pouvait que rester au foyer et se charger de l'éducation des enfants. De ce fait, ce personnage suscite des réactions de la part du public comme de la part de l'écrivain lui-même.
Dans un premier temps, la genèse de l'œuvre ne lui paru pas évidente. En effet, l'auteur aurait d'abord écouté ses amis Maxime Du Camp et Louis Bouilhet, à qui le roman est dédié à ce dernier. En 1949, ils critiquent le lyrisme amplifié dans la première version de La Tentation de Saint Antoine. Donc quelques années plus tard, ces deux mêmes amis lui rapportent un fait divers afin de lui suggérer « un sujet terre à terre, un de ces incidents dont la vie bourgeoise en est pleine » : cette nouvelle lui apprend qu'en Normandie, la deuxième épouse d'Eugène Delamare, un officier de santé et un ancien élève du père de l'écrivain est décédée. Créant un lien affectif plus ou moins proche avec cette personne, il est fort possible que Flaubert s'en soit servie dans la base de son texte. Mémoires de Madame Ludovica de Louise-Françoise Boyé, qui a beaucoup touché Gustave Flaubert aurait également guidé l'auteur sur la piste des relations amoureuses, des dépenses financières et d'une séparation de couple. Son ami Maxime Du Camp parlait souvent avec l'écrivaine et parfois en présence de Flaubert. On évoquera aussi « l'affaire Lafargue » qui fut un scandale et se fit remarquer par un grand nombre par son acte : en 1840, cette femme aurait empoisonné son mari pour seul prétexte que sa vie ne l'animait pas suffisamment, qu'elle s'ennuyait, avec de l'arsenic dans son gâteau. Atteinte de la tuberculose, elle fut libérée et se déclarera innocente, mais elle meurt en 1852. La mort d'Emma Bovary pourrait aussi être le reflet et la reproduction de celle de la grande sœur de Flaubert, Caroline Hamard qui a été enterré dans sa robe de mariée en 1817, et qu'il n'a jamais pu connaître. Mais l'auteur lui-même a déclaré que l'important n'est pas l'histoire et que l'intérêt du roman ne réside pas dans son intrigue. Cependant, l'écriture en est très longue et réellement fastidieuse ; durant quatre ans il exprime la douleur et la souffrance qu'elle lui impose dans la Correspondance de l'auteur. C'est à Louise Colet, en 1852 qu'il écrit « Que ma Bovary m'embête », puis il ajoute en 1853 que « Ce sujet bourgeois me dégoûte ». Flaubert lisait souvent ce qu'il était en train d'écrire à voix haute pour détecter si des phrases étaient mal écrites ou maladroites ; dans ce cas il pouvait les remarquer plus aisément, et il fit passer cette épreuve du « gueuloir » à son roman lorsqu'il travaillait sur le style et la composition du roman. Il en parle en disant « J'ai la gorge éraillé d'avoir crié tout ce soir en écrivant. »