1.1.2 Définition du bovarysme.
De nos
jours, on pourrait parler du caractère et de la personnalité d’Emma en
employant le mot « bovarysme ». Le bovarysme défini le comportement d’une femme
que l’insatisfaction entraîne à des rêveries ambitieuses ayant un rôle
compensatoire. Le terme a été inspiré du personnage et non l’inverse. Le
bovarysme d’Emma se traduit de plusieurs manières : il débute dès le début par
sa relation avec Charles, après son mariage, car Emma est vite déçue de la
relation qu’elle entretient avec son mari puisque durant sa vie au couvent,
elle se nourrissait de livres romantiques qui faisaient le portrait d’histoires
d’amour passionnelles et de personnes menant des vie remplies de luxe. La vie
d’Emma et Charles ne ressemble pas du tout à ce qu’Emma a pu lire dans ces
livres ; leur vie est monotone et sans intérêt. Emma pensait trouver en Charles
une échappatoire à sa vie à la ferme qui l’ennuyait mais se retrouve en vérité
à faire des tâches domestiques répétitives et qui ne l’intéresse pas. Elle va
donc souvent s’isoler et se réciter des répliques théâtrales afin de s’imaginer
une autre vie, de s’évader de la sienne le temps d’un court instant. Ce qui va
fortement accentuer le bovarysme d’Emma sera le bal auquel elle va être conviée
avec son mari, organisé par les Vaubyessard. Au cours de cet évènement, elle se
sent elle-même et se fond parfaitement dans la foule en laissant Charles tout
seul. Impressionnée par le lieu de la réception, Emma va connaître la vie
qu’elle avait toujours souhaité avoir durant une soirée au milieu de toutes les
personnes de la haute société. Le retour à Tostes sera difficile à accepter
pour elle ; elle se remémorera chaque jour cette merveilleux moment en espérant
qu’elle participera à d’autres réceptions éclatantes au cours de sa vie. De là
commence une période où Emma sera de plus en plus écœurée de son mari jusqu’à
s'en rendre malade. Son ennui la ronge. En déménageant, elle espère que sa vie
changera et que l’ennui qu’elle éprouvait à Tostes disparaîtra. C’est à son
arrivée à Yonville-l’Abbaye qu’Emma va compenser cette vie lassante d’une autre
manière : elle rencontrera des amants auxquels elle s'attachera beaucoup.
Léon sera le premier homme vers qui elle
va être attirée ; c’est un homme cultivé partageant des passions communes avec
Emma. Vient ensuite Rodolphe, avec qui elle eu une relation dangereuse mais qui
ne l’empêcha pas d’éprouver des sentiments pour lui. Ces relations
extraconjugales traduisent le bovarysme d’Emma, qui se sert de ces hommes pour
échapper à cette vie avec Charles qui l’étouffe. Emma fait preuve de bovarysme
d’une troisième façon qui est celle de l’argent. Elle va partager les économies
de Charles et se mettra à dépenser
beaucoup d’argent pour acheter, entre autres, des cadeaux à ses amants. Emma va
peu à peu se retrouver endettée et ne pourra pas rembourser ce qu’elle doit au
commerçant du village, Monsieur Lheureux. La vie d’Emma n’est donc qu’une
succession de quelques moments de bonheurs mais surtout de dépressions et de
rêveries inaccessible. L’état d’insatisfaction qui la consume la poussera à
mettre fin à ses jours.
Nous avons ici le tableau Dans le bleu de la peintre espagnole Amélie Beaury Saurel, datant de 1894. Nous pouvons penser que cette peinture est représentative de Madame Bovary et du bovarysme. Tout comme Emma, cette femme paraît étouffée par l’espace dans lequel elle se trouve car la pièce à l’air close, aucune lumière n’est présente, mais aussi par la vie qu’elle mène puisque son regard lointain et sa posture traduisent un certain ennui et nous prouve qu’elle s’abandonne à des rêveries afin d’y échapper.